dimanche 5 octobre 2008

Salueee les friendzzz!!111!!


Je sais, en tant que futurs enseignants de français, ce titre, avec son orthographe particulière, nous écorche la rétine. Pourtant, vous le savez probablement tous si vous avez des adolescents (et même des gens plus vieux!) dans vos contacts de clavardage. Ma jeune cousine massacre les mots, les apostrophes et les expressions chaque fois qu’elle s’installe devant son clavier. Traitez-moi de conservatrice et de réfractaire si vous le voulez, j’en suis mortifiée à chaque fois. Avant de donner ma démission finale, je corrigeais les textes de mon frère et encore là, ce qui s’affichait à l’écran me laissait perplexe. Avec tous les outils que les TIC nous offrent, ne devrions-nous pas nous améliorer en français écrit? Les dictionnaires en ligne nous évitent d’avoir à ouvrir un livre et de chercher les mots. Il suffit de les taper pour aboutir en une fraction de seconde dans une rubrique nous montrant l’orthographe correcte ainsi que des définitions. Des sites comme le ccdmd.qc.ca nous proposent des activités pour cibler nos faiblesses et les diminuer. Le logiciel Word souligne en rouge les mots mal écrits et nous permet ainsi de retracer nos fautes de frappe. Je ne prétends pas être parfaite en français. Personne ne peut l’être, à mon humble avis et il se peut qu’il y ait des erreurs dans ce billet. Par contre, je m’efforce de respecter les règles élémentaires de la langue lorsque je publie quelque chose sur Internet ou quand je clavarde. Pourquoi alors déformer nos mots et tordre la syntaxe? Peut-être simplement parce que, comme disaient les articles soulevés par Julie, il y a de la paresse là-dessous. Peut-être que l’on s’appuie trop sur le correcteur automatique et qu’on oublie que c’est un logiciel dont l’efficacité dépend de la personne l’utilisant? Ou alors est-ce seulement un signe d’appartenance à un groupe d’âge particulier? Je sais, le sujet est très usé, mais il me semble encore d’actualité, à l’heure où la dictée a été reprise dans les écoles. Peut-être que je n’y comprends rien. Ma cousine me l’a dit : « té full vieille tu peu jarr po comprendre. » (Tu es trop vieille, tu ne peux [genre] pas comprendre.)

Et vous, qu’en pensez-vous?

9 commentaires:

Vincent Lacroix-Cuerrier a dit…

J'ai moi-même arrêté d'utiliser les logiciels de messagerie instantanée (comme MSN -- et ICQ pour les vieux de la vieille, dans le temps où c'était populaire) quand je me suis rendu compte que les raccourcis que j'y employais, combinés avec l'influence de mes amis chaines de démontage de phrases, influençaient négativement ma capacité à bien écrire. Pourtant, j'avais toujours bien écrit auparavant.

Les logiciels de messagerie instantanée ne sont pas le démon, mais leurs CV satisfont quand même ses conditions d'embauche. L'idéal serait un changement de culture, une sensibilisation à toujours bien écrire, à l'importance d'employer la norme en écrivant.

J.Navarrete a dit…

Je crois que la technologie apporte de bonnes et mauvaises choses. Peut-être que oui, le code langagier dans les chat est particulier et même choquant. Toutefois, il ne faut pas oublier que la langue est vivante et que les nouvelles technologies sont peut-être le début d'un phénomène langagier universel dont personne ne peut prédire avec exactitude leur aboutissement. Ce n'est pas seulement le français qui est touché par cette vague informatique. Toutes les langues sont en train de subir les attaques acharnées des internautes. Sommes-nous, en tant que futurs enseignants, les acteurs appelés à changer cette tendance dans nos écoles ? Qu'allons-nous faire ? Peu être que nous abusons de l'usage de la technologie dans nos écoles, et qu'un retour à l'enseignement classique serait nécessaire pour y remédier.

Alissa a dit…

Ceci est une sujet tres pertinent. C'est un phenomene inévitable puisque les messageries electroniques remplacent graduellement tout autre forme de communication.

C'est vrai que la technologie ( et plus particulierement les messageries instantanées) poussent les jeunes a écrire d'une certaine facon. Par exemple, si des eleves s'échangent des petites notes en classe, l'orthographe serait surement un peu plus tolérable que s'ils communiqueraient en ligne. Enfin c'est ce que je crois.
Mais je pense que c'est juste une facon de se démarquer ou de se laisser aller. Si un jeune écrit ''friends'' a la place d'amis, cela ne veut pas dire qu'en classe il reproduira cette meme erreur. Je crois que nous ne devons pas sous-estimer la capacité des ados de différencier le langage populaire du langage approprié pour l'école. Il y a quand meme une conscience derriere leur facon d'écrire... ils trouvent que c'est a la mode donc ils écrivent ''po'' a la place de ''pas'' ou ''chui'' a la place de ''je suis''.. Ca pourrait meme etre un des symptomes de la paresse. On ne le sait point, et je crois qu'il y a toutes sortes de raisons.

Ce qui m'inquiete par contre c'est le fait que c'est tres risqué pour les nouveaux apprenants de la langue francaise. En tant que futurs enseignants du FLS je crois que c'est important de leur démontrer la distinction entre les niveaux de langue et les différents usages de celle-ci pour éviter la confusion.

StePh Paradis a dit…

Sujet et commentaires ma foi très inspirants...

C'est vrai, le langage écrit que les jeunes utilisent pour communiquer instantanément n'est pas toujours évident et ce, pour les nouveaux apprenants du français ET pour les francophones de longue date. Ce langage écrit réflète pourtant le langage parlé de tous les jours...

«J'feel pas today» remplace le rare «Je ne me sens pas très bien aujourd'hui», comme autrefois on disait «Ça va pas fo' à matin».

C'est vrai, les jeunes introduisent beaucoup plus d'anglicismes dans leur vocabulaire que nos grands-parents, mais n'est-ce pas là le reflet du Québec multiculturel que nous sommes maintenant?
Le langage verbal évolue avec les générations (et les vagues d'immigrants), pourquoi alors le langage écrit ne s'enrichirait-il pas «un ti-peu» de tous ces changements?

Ça m'agresse que des mots écrits au son et des anglicismes me sautent en plein visage, mais je suis prête à fermer les yeux et à accepter la diversité langagière comme j'accepte déjà que les Québecois ne parlent pas le même français que les Acadiens, les Français ou les Belges.

Unknown a dit…

Tu as raison en disant que les jeunes font trop confiance au logiciel de correction automatique. Ils voient que Word ou antidote leur souligne une erreur il effectue la correction suggérée par antidote sans se poser la moindre question. Les jeunes ne comprennent pas pourquoi il y a une erreur, mais il apporte les corrections requises.

Avec l'échantillon d'adolescent de 16-17 que j'ai autour de moi, je peux constater que le français n'est pas une priorité pour eux. Ouvrir un dictionnaire pour vérifier l'orthographe d'un mot c'est beaucoup trop long, c'est vu comme une corvée, une obligation alors que ça devrait être vu comme un moyen d'apprentissage. Les logiciels de messageries instantanées n'ont fait qu'accentuer le problème d'écriture chez les jeunes. J'ai un frère de 17 ans et je suis assez bien placée pour voir que depuis qu'il utilise msn sa faible maitrise de l'orthographe s'est détériorée. Il écrit au son dans sa vie de tous les jours, comme la plupart des jeunes de sa génération. De plus, il sait qu'il est nul en français et il ne fait rien pour s'améliorer, car, il prétend que le français n'est pas primordial pour assurer son avenir. Pourquoi s'améliorer en français alors que je peux jouer à des jeux vidéo? La technologie leur simplifie la vie, il en profite au maximum sans réaliser que le tout se retournera contre eux un jour ou l'autre. J'imagine très bien mon frère et ses amis remplir une demande d'emploi avec une erreur au trois mots. C'est ce qui nous attend dans un avenir pas trop éloigné.

Émilie Trudeau a dit…

J’en étais presque à ce stade quand j’ai fait le saut. J’écrivais au son, massacrant le moindre mot. En seulement quelques mois, j’avais perdu tous mes moyens devant un ordinateur. La paresse l’emportait royalement sur les règles de grammaire, la syntaxe et la ponctuation. J’avais même commencé à faire des erreurs graves dans mes rédactions scolaires! J’ai immédiatement cessé d’écrire lâchement, remettant les lettres autrefois camouflées et les virgules oubliées. Maintenant, quand j’utilise MSN, je m’efforce de bien écrire, même si c’est plus long que de seulement écrire au son. En fait, je ne crois pas que la paresse ne soit que la seule raison, le temps y est pour beaucoup. Sur MSN, les réponses doivent venir vite, Internet est toujours plus vite, alors pourquoi prendre son temps à bien écrire, si de toute façon la personne de l’autre côté de l’écran comprend?
Ma vision de future enseignante de français est plutôt évidente. Oui l’intégration des TIC est nécessaire, mais il ne faut pas négliger notre magnifique langue pour un quelconque logiciel informatique…

Marie-Eve a dit…

Pour ma part, je n’ai jamais vraiment aimé le « tchat » tout simplement parce qu’il était impensable pour moi, de ne pas écrire les mots au complet. Alors, écrire à mes amis sur MSN était toujours très long. Moi aussi, j’ai une jeune cousine qui me trouve bien fatigante lorsque je lui demande pourquoi elle n’écrit pas les mots au complet.
Mais bon, peut-être que ce n’est que moi qui est simplement un peu « zélée », car après tout, quel mal peut-il y avoir à abrégée la langue? Si je me rappelle bien, les notes que je prends lors d’un cours au rythme accéléré ressemblent beaucoup au « tchat » abrégé de ma cousine. Ça ne m’empêche pas d’écrire ce texte au complet.
Je pense qu’il y a plusieurs niveaux de langue même à l’écrit et qu’il faut juste rappeler aux jeunes de ne pas se mêler les pinceaux et d’utiliser leur jugement lorsqu’ils se préparent à écrire.

Emilie Laporte a dit…
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Emilie Laporte a dit…

Petite réaction

Je suis bien d’accord avec les propos de Stéphanie par rapport au fléau que représente le langage codé de nos adolescents adeptes des sites de clavardage. Cette nouvelle cyber-génération menace-t-elle l’équilibre de notre langue?

Je crois fermement qu’il y a lieu de s’inquiéter. En effet, je suis parfaitement consciente qu’ils sont aptes à faire la différence entre les deux types d’orthographe mais ne croyez-vous pas que la limite est mince? Je serais curieuse de voir les travaux de nos adolescents. Combien d’entres-eux confondent les orthographes? Je suis convaincue qu’ils sont plus que ce que l’on peut croire.

«Les outils technologiques permettent aux adolescents d'être obnubilés par leur monde d'adolescents, et les considérations d'adultes n'arrivent pas à se frayer un chemin jusqu'à eux (…) Résultat: la culture historique, géographique, civique ou encore littéraire de ces jeunes est limitée. Leur langage est déficient, bourré de fautes et simpliste.» disait Mark Bauerlein, professeur de littérature anglaise à l'Université Emory, à Atlanta. Je crois que cette citation porte à réfléchir.

En terminant, je crois que bien que notre société soit appelée à travailler de paire avec les technologies de l’information et des communications, il manque une certaine mise au point. La distinction entre le monde virtuel des technologies et le monde «réel» reste à définir. Je crois ainsi que l’école se positionne au premier rang pour amorcer ce cheminement. Arriverons-nous à remettre nos ados sur le droit chemin?

Petit article publié dans le journal Le Devoir qui parle un peu du sujet. Fort intéressant!

http://www.ledevoir.com/2008/09/15/205649.html