lundi 6 octobre 2008

Le plagiat: tromperie morale ou manifestation du savoir dans l'éducation?

Tu es un professeur. Tu exiges un essai à tes élèves qui portera une note finale. Le jour que tu reçois les travaux, tu te rends compte que l'un d'eux te remet un article qui te semble suspect. Alors, dans Google tu écris l'une des phrases plus douteuses. Effectivement, l'étudiant a fait un copie-coller, et devant cette évidence d'intelligence si concise, tu décides de mettre une note 1. Dans le même exercice, mais avec un autre élève, tu te rends compte que celui-ci a pris quelques idées d'autres auteurs sans les leur attribuer, mais qu'ils finissent à un travail de grand niveau : une synthèse d'idées importantes, une relation de concepts, etc. Quelle note mets-tu ? Est-il cela un plagiat compris comme vol ou finalement l'étudiant a-t-il été capable de synthétiser la connaissance et de le transformer en quelque chose de nouveau ?
Dans un monde connecté dans des noeuds communicatifs – où Internet est seul un échantillon - et où le trafic de connaissance est exponentiel, nous nous habituons à entendre de plus en plus des mots tels que samplers, cut’n paste, copyleft, et de diverses dérivations des problématiques de la connaissance et des droits d'auteurs, mais de quoi on parle en éducation ? Tout le monde est d'accord sur l'importance supposée des TIC dans l'école, mais il y a peu de réflexion à propos de l'incompétence que les nouvelles technologies ont dans un modèle éducatif cartésien. Dans ce contexte, le plagiat est seulement traité comme tromperie morale, mais personne ne pose la question si aujourd'hui, dans cette nouvelle conception de la connaissance grâce au TIC, il est possible, que le plagiat tient comme manifestation du savoir dans l'éducation.

2 commentaires:

StePh Paradis a dit…

Un élève qui plagie n'est pas nécessairement idiot et/ou immoral.

Un élève qui réussit à dénicher un texte correspondant en tous points à ce que son enseignant exige démontre, je crois, une grande intégration des TIC à son mode de vie. L'élève doit en effet savoir OÙ chercher, QUOI chercher et même où VÉRIFIER ses sources. Le plagieur n'est pas dupe, il ne remettra pas un texte trouvé sur Wikipedia ou Radio-Canada...

Si l'enseignant ne se rend pas compte qu'il a corrigé un texte plagié et qu'il donne une bonne note à ce texte, l'élève aura surpassé le maître en matière de technologie de l'information.

Cette situation risque de tous nous arriver. Chercherez-vous toutes les phrases de toutes les compositions de vos élèves sur Google juste au cas?

Julie a dit…

L’information qui circule sur Internet est un prêt que consentent certains individus (des auteurs) à l’ensemble des membres de la « communauté virtuelle » et qui ne représente en rien un bien collectif. Seulement, comme en fait notamment foi la généralisation du téléchargement illégal de fichiers musicaux, de nombreux internautes banalisent la notion de propriété intellectuelle. Les élèves n’y font pas exception. Et, ce serait les sous-estimer que de prétendre que, contrairement aux adultes, ils n’ont jamais été mis au courant du concept de propriété intellectuelle. Malgré tout, en tant qu’enseignant, il importe de constamment réitérer cette notion auprès des élèves.

De la même façon, l’enseignant doit aussi clairement exposer aux élèves les conséquences qu’impliquerait le non-respect de ce principe de propriété intellectuelle. Le but de l’exercice n’est pas de faire peur à l’élève, mais bien de lui faire comprendre le véritable objectif d’un travail de recherche documentaire. Cet objectif n’est pas de prouver qu’il a pu réunir dans un texte continu tous les éléments qui figuraient sur une «liste d’épicerie», mais plutôt qu’il peut comparer, vérifier et valider de l’information pour ensuite en faire une synthèse pertinente. En plus de compétences méthodologiques associées aux TIC, l’enseignant souhaite aussi (surtout) que l’élève développe des compétences intellectuelles. Malheureusement, en plagiant, l’élève démontre seulement sa capacité à rechercher de l’information et à faire du repérage dans un texte. L’élève qui plagie se ferme aux véritables objectifs qu’on a pour lui. Il le fait par incompréhension des objectifs ou par paresse... Il le fait donc peut-être aussi un peu par immoralité...